Vincent Gerber est l’auteur du livre « Murray Bookchin et l’écologie Sociale » (Ecosociété, 2013) et (avec Floréal Romero) de « Murray Bookchin pour une écologie sociale et radicale » (Passagers clandestins, 2014). Historien de formation, il travaille comme journaliste et rédacteur. Il est le fondateur de la plateforme Internet « Écologie sociale.ch », un portail francophone sur l’écologie sociale.

Présentation de la conférence – Face au désarroi que provoque l’étendue des problèmes environnementaux, beaucoup font le lien avec une autre crise, celle de nos systèmes politiques. La démocratie représentative, tous partis confondus, a perdu la confiance des citoyennes et citoyens en démontrant son incapacité à réguler une économie libérale obnubilée par la croissance et le profit, refusant d’intégrer à ses valeurs des considérations éthiques, écologiques et sociales. Ou simplement humaine.

                                                     

Au travers de son écologie sociale, Murray Bookchin a voulu démontrer que la solution à la crise écologique était avant tout sociale et demandait un retour au fondement de la démocratie : la capacité de décider collectivement de l’ensemble des questions dont nous dépendons. Ce précurseur de l’écologie politique a cherché à rassembler deux mondes : celui de l’anarchisme, et sa vision d’une société humaine libérée de la domination, avec celui de l’écologie, et la volonté de développer une société en accord avec les apports, mais aussi les limites, du milieu naturel. Il en ressort une pensée écologiste profondément anticapitaliste, prônant la création d’une confédération de communes autonomes, politiquement gérées en démocratie directe.

La division politique de ces espaces implique un retour au pouvoir par en-bas, avec des assemblées communales souveraines, où l’exécution des tâches sont faites sous mandats impératifs et des délégué.e.s révocables. Un système tel que développé actuellement au Chiapas et au Rojava syrien. Face aux dégâts de la mondialisation économique, le municipalisme libertaire prône le retour à une échelle locale, avec une mise en réseau confédéral des communes sous la forme de l’entraide et de l’échange. Il s’ensuivrait une décentralisation physique et politique de la société. L’écologie sociale plaide pour la réduction de la densité des villes, la fin de leur rôle de centre économique. Le but est d’aboutir à une forme mixte de cité-campagne, faisant la part belle à l’agriculture de proximité et à la réduction des déplacements motorisés au quotidien.

Alors qu’on parle beaucoup de bouleversements climatiques et d’effondrement à venir, l’écologie sociale nous encourage à revoir l’écologie comme une force politique du présent. Elle encourage, par la société civile, à se rassembler pour construire dès maintenant un contre-pouvoir à l’intérieur du système, devant réclamer la dissolution du pouvoir des 1% dominant mondialement. De nouvelles bases de résistance démocratiques doivent être fondées, sous la forme d’institutions participatives et inclusives, permettant de se réapproprier nos choix de vie. En replaçant le bien commun au centre de la politique, l’écologie sociale nous encourage à redevenir des acteurs désireux d’agir et de résister aux changements à venir.

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