“Il pleut, il pleut bergère ; Rentre des blancs moutooooons”. Moi qui croyais que ces comptines dataient d’un autre temps, que désormais la pluie ne pouvait être que mon alliée, marquant la fin d’une sécheresse et la promesse d’une belle herbe verte.. Et bien non… la chanson dit en fait bien vrai.

 

Épisode 1 : Les giboulées de mars

Le début de saison gadouille toujours un peu, je suis maintenant habituée et prend mon mal en patience. Après tout, ce sont les giboulées de mars et mieux vaut un printemps humide que sec. Les brebis rechignent un peu à prendre le même chemin tous les matins : 50 mères + une quarantaine d’agneau x 4 pattes = ça patauge ! Alors je paille le parc d’attente du quai de traite, couvre les accès de balle d’épeautre et attend patiemment avril.

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Épisode 2 : Poisson d’avril

Avril vient mais la pluie ne cesse … Alors j’hésite… Rentrer le troupeau ? Je ne suis pas sure d’avoir assez de place pour assurer leur bien être ni le fourrage suffisant et de qualité pour des brebis en début de lactation. *
Je choisis de rester dehors mais je change de zone de pâturage et retourne “sur la roche”, l’autre parcelle est boueuse : en un rien de temps, les brebis ont les pattes dans la boue.
Elles respirent un peu et moi aussi ! Mai sera surement de meilleur augure.

 

 

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Épisode 3 : Les crues

Le vendredi 3 mai, je change de pré et déménage troupeau et quai de traite en quête de nouveaux paysages, espérant tourner la page de ce début d’année chaotique … Que nenni !
Dimanche 5 mai, comme chaque matin je retrouve le troupeau. En quelques jours, la zone d’attente est labourée et les brebis sont terriblement sales.
Cerise sur le gâteau, je jette mon caillé du jour. Cette boue rend la traite à la main dehors impossible. Le lait cru nécessite une hygiène de traite irréprochable.

Je dis STOP !
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Épisode 4 : S. EAU. S

Ma décision est prise : je rentre les meilleures brebis dont les agneaux sont assez grands pour être sevrés. 20 brebis en bâtiment avec accès aux parcelles autour de la bergerie, ça devrait être jouable pour quelques semaines, le temps que le pré ressuie.
Je lance un appel à l’aide auprès des copain.e.s du collectif.
Le lendemain après-midi, une sacrée équipe à l’appui, nous installons la bergerie, paillons, préparons le parc extérieur et ramenons une vingtaine de brebis au sec.
Ce soir là, je traie à l’intérieur… Quel soulagement !

Épisode 5 : la bergère (sou)rit

Depuis le 6 mai, les brebis sont donc en bergerie la nuit. Elles sortent tous les jours, soit entre les gouttes, soit le soir si la journée est trop chaude. Je traie matin et soir pour stimuler la lactation de ces brebis. Un sacré rythme mais la quantité de lait suit ! Les fromages reprennent forme, me voilà plus sereine et de nouveau motivée.
Ce début d’année est une sacrée remise en question du système de traite plein air, en tous cas sur le début du printemps.

Coline