Retour sur la sortie-conférence autour de la thématique du jardin-forêt.

 Suite à l’information diffusée par Pascal sur les jardins-forêts, un bon nombre de personnes a été intéressé par cette conception, à la fois traditionnelle sous les tropiques et relativement récente sous nos latitudes. En orientant sa recherche dans le cadre de sa formation au CNAM sur les jardins-forêts, Stéphanie a relancé cet intérêt naissant en effectuant un stage à Risomes pour étudier la pertinence d’un tel projet sur les terres du GFA « Champs libres » à Malain.

Une première collaboration entre Pascal et Stéphanie (assistés de Sof, Coline et Léo ) a permis l’organisation d’une rencontre accueillant des personnes curieuses d’un projet de jardin-forêt sur les terres du GFA Champs Libres le 17 juillet en fin de journée.

Une trentaine de participants ont suivi la découverte du secteur de 5000m2 qui pourrait être consacré à ce projet. Nous avons pu nous rendre compte de la densité de la végétation presque impénétrable qui constitue l’ensemble de la surface à un stade de pré-forêt.

Nous avons pu répondre aux premières interrogations du public lors d’échanges fructueux sur le terrain au sujet des espèces qui occupent cet espace en devenir : faune et de flore ont été évoqués.

Ont été questionnés également les ressources en eau disponibles sur place, les risques de faire fuir des espèces vivant dans l’écosystème existant par les changements qui seront apportés aux biotopes, les étapes nécessaires d’identification des espèces végétales et animales abritées par le site, la nature du sol et du sous-sol. Les participants ont également abordé la notion de l’histoire agricole du lieu : la culture de la vigne et de vergers nous renseignant sur les capacités d’accueil du terrain et les méthodes de culture des années 1950-1960.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers le Chauffe-savates où nous avons tout d’abord projeté un documentaire d’une heure sur la forêt-gourmande mise en place à Diconne en Saône et Loire par Fabrice Desjours.

Puis nous avons d’échangé autour de préparations culinaires amenées par les participant.e.s et les organisatrice.eur.s. Des ouvrages sur la cuisine sauvage, les préparations et les saveurs de diverses plantes (arbres, plantes sauvages fleurs etc..) étaient consultable sur place. Un encart de quatre feuillets illustrant les arbres connus comestibles de nos régions ainsi que d’autres espèces plus exotiques qu’il serait possible d’implanter dans un jardin-forêt était à la disposition des participants.

Pour reprendre en douceur, un court diaporama a ensuite été projeté pour mettre en lumière certains aspects spécifiques et importants à prendre en compte dans la conception d’un jardin-forêt. Puis, nous avons regardé un second documentaire, d’une durée de 20 minutes, consacré à la forêt nourricière de Franck Nathié à Simplé en Mayenne, Pays de Loire.

Les deux reportages ont brossé deux tableaux complémentaires de l’approche et de la pratique des forêts jardinées sous nos latitudes.

Fabrice Desjours nous parle de jardin-forêt humaniste et sans nécessité de rendement de production nous rappelant les rapports à la nourriture des chasseurs cueilleurs d’avant l’avènement de l’agriculture. Il nous montre et nous démontre que les subsistances mises à disposition par la nature peuvent être sensiblement augmentées grâce à l’aggradation des sols et à la connaissance des espèces choisies pour qu’elles s’épanouissent au mieux.

Franck Nathié cite ses champs d’expériences pour déterminer les différents partenariats phytosociologiques pouvant exister entre les plantes et leur milieu. En effet, il ne suffit pas de planter, il est nécessaire de « marier » les espèces sur 7 niveaux d’occupation en fonction de leurs caractéristiques physiologiques, de leurs apports et de leurs besoins. La finalité étant d’optimiser la production des récoltes dans un espace en trois dimensions.

Il serait difficile ici de résumer en quelques lignes une heure trente de reportages très riches et instructifs.

Voici les liens de ces reportages afin de mieux s’imprégner des contenus :

La forêt gourmande par Fabrice Desjours

La phytosociologie des plantes comestibles par Franck Nathié

EXPLORATION DE LA PARCELLE

Une partie de l’équipe s’est retrouvée sur le site durant la journée du mardi 21 juillet de 9h à 17h afin d’explorer plus précisément cette grande parcelle. Il a été décidé de tracer de petits chemins afin de pouvoir accéder à ses différents espaces.

Nous avons pris soin de donner une orientation est-ouest au chemin naissant afin de ne pas laisser s’engouffrer des vents perturbants et chauds et de laisser des ombrages pour accueillir de futures plantations.

Avec quelques outils de coupe, nous avons principalement éclairci de petites zones embroussaillées d’aubépines et de cornouillers sanguins, espèces pionnières des sols argilo-calcaires. Étant donné l’équipe réduite et le temps qui y a été consacré, ce travail de traçage ne fait que commencer, il demandera à être poursuivi.

PROGRAMME D’ACTIONS

Aussi, voici un programme d’actions à envisager sur ce territoire en friche pour nous permettre de faire une étude du projet. Les différentes informations collectées permettront de réaliser des calques que nous superposerons pour avoir une vue d’ensemble, un design du lieu.

  • 1) Pouvoir accéder à l’ensemble de la parcelle par des chemins à créer pour identifier la végétation existante qu’il serait judicieux de préserver (production, porte-greffe, ombrage pour les futures plantations…). Les sentiers des animaux constituent les parcours les plus courts d’un point à un autre, ils seront donc aussi à observer et à relever.
  •       2) Le plan du cadastre et les courbes de niveaux, nous permettront de prendre conscience du relief et de positionner les différentes baissières (abaissement qui garde l’eau de pluie). Étant donné la structure du sol (deux séries de couches, l’une à dominance marneuse, l’autre à dominante calcaire) et l’aridité de plus en plus accrue de nos étés, ces retenues permettraient d’avoir des réserves d’eau tout en favorisant la biodiversité.
  •       3) L’analyse du sol permettra de connaître la profondeur des différentes couches, sa texture, son PH, son taux d’humus aux différents endroits de la parcelle afin de savoir ce qu’il serait le plus judicieux de planter où.
  •       4) L’analyse de l’environnement extérieur de la parcelle nous permettra de déterminer les différents facteurs qui influencent l‘écosystème du terrain : l’inclinaison du sol (circulation de l’eau notamment), son orientation, la courbe du soleil aux deux solstices, les vents dominants d’été et d’hiver, les chemins d’accès existants, les habitudes locales, les pollutions extérieurs (sonore, chimiques, visuelles) et/ou intérieures, les passages d’animaux sauvages.
  •       5) Les zones d’usage seront à déterminer en fonction de la fonction principale du projet (alimentaire ? pédagogique ? participatif ? pépinière ?) et de ses fonctions secondaires.
  •       6) Le design des chemins découlera des réponses apportées aux étapes précédentes.
  •       7) Enfin, la détermination des différentes essences à planter pourra être pensé en fonction des différentes informations collectées au préalable.

Chouette programme, non ? Différents rendez-vous vous seront proposés pour avancer ensemble dans ce cheminement.

Stéphanie Leigniel et Pascal Lagneau