Quelques gouttes de pluie plus tard (pas assez pour recharger les nappes mais suffisamment pour lancer la pousse de l’herbe), les gouttes de lait se déversent. La page des naissances se tourne pour laisser place au début de lactation et… aux premiers fromages. Les agneaux grandissent, la routine s’installe et la deuxième saison est en bonne voie.
Une pluie d’agneaux !
Une vingtaine de jours sépare la première naissance de la dernière. 30 brebis ont mis bas de 46 agneaux en quelques semaines à peine. C’est plus de 90 % du troupeau dont la moitié a donné naissance à des jumeaux. Autant vous dire que ça court dans tous les sens. Globalement elles se débrouillent très bien : 3 abandons seulement que je complète au biberon. Côté probabilité, on compte à peine plus de femelles (55%) que de mâles. De quoi assurer la relève et l’augmentation du troupeau l’année prochaine.
Un sevrage en douceur
Ici, aucun agneau ne connaît le lait en poudre. Ils sont tous élevés sous la mère, jour et nuit pendant leur premier mois. Quand ils sont assez grands pour manger de l’herbe et se passer de lait la nuit, on leur apprend doucement à se séparer des mamans. J’aménage un coin sympa à côté d’elles : un peu d’argile à grignoter et une botte de paille pour s’amuser.
Les agneaux sont d’abord séparés 2 heures, puis 4, puis 6, puis une nuit. Les plus grands apprennent aux plus petits ! Le lendemain, les mamelles sont gorgées de lait pour fabriquer du fromage. Après la traite, les petits retrouvent les mères et leur lait pour la journée.
De la goutte à la croûte
Après 4 mois de pause, il faut redémarrer la fromagerie et surtout réveiller toutes la bonne flore qui s’est endormie cet hiver. Pas simple : tout est affaire de température, d’humidité … d’ambiance ! Ici les ferment lyophilisés ne sont pas coutume, je mise d’avantage sur la flore du lait et l’affinage mais ce n’est pas toujours simple.
Le geotrichum, champignon qui forme cette « peau de crapaud » couleur crème qui donne tout son coulant au fromage est parfois capricieux. Il est concurrencé par le mucor ou le penicilium album que vous connaissez pour leurs tâches bleues. Enfin je vous rassure, ce ne sont que de bons champignons !
Alors on bichonne les fromages, on y travaille et promis; les crémeux reviendront vite …
Goûte de Sang Mêlés
Tiens tiens … on dirait que Nougatine prend des mamelles. Nougatine, c’est la première agnelle née l’année dernière mi-mars. Normalement, elle ne devrait pas mettre bas cette année puisque j’attends qu’elles aient 1 an et demi pour leur première reproduction.
Quelques jours plus tard, Nougatine puis Rose (une autre « 2022 ») mettent bas chacune d’un petit mâle. Au vu de la date de mise bas, ça ne fait aucun doute : c’est un de leur demi-frère qui les a saillies. Les agneaux mâles et femelles nés l’an dernier sont restés un peu trop longtemps ensemble. Encore un apprentissage qui heureusement se termine bien. La consanguinité à faible dose ne semble pas poser problème…
Une part de la bergerie ?
Vous le savez, mon installation et celles des autres paysans malinois n’auraient été possibles sans l’aide précieuse du GFA : Groupement Foncier Agricole. Ce sont plus de 200 citoyens qui, en prenant des parts dans le GFA, ont permis l’achat des terres sur lesquelles les brebis pâturent, des légumes poussent, du blé et des oléagineux sont cultivés et bien plus encore…
Il est maintenant l’heure d’acheter la bergerie et autres bâtiments : pour qu’ils restent des locaux agricole pour les futures générations, outils de travail indispensable aux paysans !
Nous avons besoin de votre participation ==> https://alternatives-agriculturelles.fr/gfa-souscription-2023/
Coline – 06 81 98 37 91