Depuis 2015, le GFA citoyen Champs libres, avec ses 123 associé.e.s, ont réussi à acquérir environ 9 ha de terres, permettant de soutenir trois installations (paysan-boulanger, ferme avicole, maraichage sur petite surface) et une 4ème est en cours (apiculture). Depuis 5 ans, le GFA fait un travail de veilles et d’études sur le foncier agricole du territoire. Aujourd’hui, c’est une possibilité d’acquérir 30 ha de plus qui s’ouvre à nous. En conséquence, le GFA a lancé début juin une campagne de souscription en vie d’une augmentation de son capital social de 50 000 €

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Résolument engagé pour accompagner une dynamique paysanne et citoyenne de reconquête des communs agricoles et d’une autonomie alimentaire, ces nouvelles acquisitions permettront au GFA d’accompagner la création/consolidation de 5 emplois agricoles, pour une agriculture nourricière, territoriale et écologique. Voici le premier portrait des projets soutenus par le GFA.

 

Portrait de fermes #1 – Le projet d’installation de Coline en élevage de brebis laitière et transformation fromagère.

 

Coline, peux-tu nous décrire brièvement ton parcours avant d’attérir à Mâlain ?

Je suis originaire du Médoc (Gironde), où mes parents sont viticulteurs. Alors que je choisis des études en sciences politiques, je m’intéresse rapidement aux enjeux agricoles. Je découvre les espaces-test maraîchers au détour d’un stage et je rejoins ensuite la Confédération Paysanne de la Drôme pour 6 mois. J’y étudie les conditions des travailleurs migrants saisonniers dans l’agriculture et je participe à la vie du syndicat : la présence du loup dans le Vercors, l’accompagnement d’agriculteurs et collectifs en difficulté, les chantiers participatifs… Je partage le bureau avec les collègues de l’ADDEAR (Association Départementale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) et du RSP (Réseau Semences Paysannes). C’est une réelle prise de conscience, la rencontre avec l’agriculture paysanne, et déjà le désir d’installation naît.

En 2017, j’arrive en Bourgogne pour rejoindre l’équipe de l’association Graines de Noé, une Maison des Semences Paysannes. Voilà 3 ans et demi, que je découvre, apprend et échange autour de l’autonomie paysanne.

Aujourd’hui, tu souhaites élever des brebis et faire du fromage à Mâlain. Pourquoi les brebis ?

C’est à la fois un projet de vie et un projet politique. Je souhaite m’installer pour participer activement à la défense de l’agriculture paysanne et l’expérimentation d’un autre modèle agricole. Et je veux vivre avec et au rythme des animaux : emmener le troupeau pâturer, partager le moment privilégié de la traite, travailler le lait, soigner les fromages … Un métier en lien avec les animaux, le vivant, le territoire. Quand je me suis imaginée paysanne à Mâlain, le projet collait : la complémentarité avec les cultures céréalières, les près en reliefs entre Monts et Roches, la sécheresse qui guette et nous oblige à penser des systèmes résilients.

Pourquoi sur Mâlain ?

Je suis arrivée à Mâlain suite à ma rencontre avec Cyril. J’ai trouvé au sein de RISOMES, du GFA, de la SCI… un écho fort à mes questionnements et envies : des espaces de rencontres, de discussions, d’échanges mais surtout de construction d’alternatives concrètes autour des enjeux alimentaires, territoriaux, fonciers etc. Je souhaite continuer à m’y impliquer et expérimenter ces initiatives.

Le métier de paysanne et d’autant plus d’éleveuse demande une présence quotidienne : matin et soir pendant la période de traite, parfois la nuit pendant l’agnelage. Cyril et moi, habiterons bientôt au dessus du fournil au 28-30 rue de la gare. Je souhaite m’installer le plus près possible.

Tu as commencé à l’esquisser, mais peux-tu nous en dire plus sur ta vision de l’agriculture ?

Je m’inscris dans celle d’une « agriculture paysanne respectant les équilibres naturels »1, en rupture avec le système agricole productiviste, et j’accorde beaucoup d’importance à l’interaction de l’agriculture avec le territoire et le vivant, ainsi qu’à l’autonomie paysanne et alimentaire. Les paysans produisent une nourriture mangée localement dans le respect du vivant : du sol, de l’eau, des animaux, des humains (voisins, eux-mêmes). Il me semble donc indispensable que le territoire se saisisse de ces questions, que les habitants participent aux décisions qui concernent leur alimentation, l’utilisation des terres, de l’eau… des communs.

Comment penses-tu concrétiser cette agriculture paysanne dans ton projet d’installation ?

Je projette d’élever une soixantaine de brebis, de race rustique (comme les basco-béarnaises) afin qu’elles puissent rester le plus longtemps possible en pâture et passer l’été au pré. Les brebis seront principalement nourries à l’herbe. En hiver les fourrages prendront le relais en bâtiment (issus sur les prairies temporaires, inclues dans les rotations de céréales et protéagineux). Au moment de la traite, un complément de céréales et protéagineux sera distribué (épeautre, orge, pois…). Je transformerai le lait récolté en fromages (tomme, feta…) et yaourts que je vendrai en local (AMAP, à la ferme, épicerie…).

 

Aujourd’hui, tu te tournes donc vers le GFA pour un accompagnement sur l’usage du foncier. Quels sont tes besoins ?

Afin de faire pâturer les brebis, j’ai besoin de 28 ha de parcours (terres non cultivables). Pour assurer l’autonomie alimentaire du troupeau en fourrage, j’ai besoin de foins, qui sera produit sur 8 ha de prairies temporaires. J’aurais également besoin de paille pour que les brebis trouvent une litière propre et sèche en bâtiment l’hiver. Enfin, afin de produire des céréales et protéagineux en complément, j’ai besoin de 3 ha de terres cultivables.

J’ai également besoin de bâtiments : une bergerie pour loger les brebis l’hiver et au moment de l’agnelage ; une fromagerie pour transformer le lait ; une zone de stockage pour entreposer du matériel (tracteur, matériel de fenaison), les fourrages et la paille.

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