Les conférences agri-culturelles de l’Université Populaire et Buissonnière de l’association RISOMES
Penser et construire des alternatives à la modernité libérale ?
L’association RISOMES (Réseaux d’Initiatives Solidaires, Mutuelles et Ecologiques) s’est créée en 2016 à Mâlain en Côte d’Or, à la suite du GFA Champs Libres, pour participer aux transformations du modèle agricole dominant – et de ses mondes – en associant expérimentations pratiques, initiatives collectives et réflexions plus théoriques. Elle organise régulièrement des rencontres et conférences, notamment dans le cadre de son Université Populaire et Buissonnière, afin d’interroger les transitions et ruptures nécessaires pour un monde plus juste socialement et plus soutenable écologiquement. L’enjeu de ce cycle de rencontres sera de mettre en discussion des pensées iconoclastes, de faire connaître des ouvrages importants pour la réflexion contemporaine sur la critique de la modernité libérale afin de construire des pensées alternatives qui cherchent un décloisonnement des savoirs dans un soucis d’allier penser et agir.
Samedi 12 janvier 2019 à 17h00 – Exister au temps des promesses techno-scientifiques
Rencontre et conférence avec Miguel Benasayag
Philosophe, psychanalyste, chercheur en épistémologie, membre du collectif « Malgré tout », il est notamment l’auteur des livres suivants : Cerveau augmenté, homme diminué, La Découverte, 2016 ; La singularité du vivant, Le Pommier, 2017 ; Fonctionner ou exister ?, Le Pommier 2018
Face à la tendance aujourd’hui dominante d’une hybridation dans laquelle l’artefact colonise le vivant et la culture, M. Benasayag propose de développer un champ de conflictualité avec la technique qui ouvrirait de nouvelles voies permettant l’émergence d’une multiplicité dont la technique ferait partie. Démontrant la singularité du vivant et de la culture face à la machine numérique, il déconstruit la promesse d’une vie augmentée, la promesse d’une société qui ne ferait plus que fonctionner ruinant les conditions d’une existence véritable, avec ses non-savoirs, ses corps, ses pulsions, ses désirs, tout ce qui fait qu’une vie ne peut se réduire à un agrégat quantifiable.
Samedi 16 février 2019 à 20h00 – Raconter le productivisme agricole
Rencontre et conférence avec Elie Gatien
Professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Seine-Saint-Denis, géographe de formation, il a travaillé sur la pauvreté dans les espaces ruraux, il est l’auteur du livre La plaine. Récits de travailleurs du productivisme agricole, Editions Amsterdam, 2018
Dans la plaine de la Beauce, région spécialisée dans la céréaliculture intensive, la modernité technicienne n’admet guère de critiques. Nuisances industrielles, surcharge de travail, endettement, maladies professionnelles : rien n’y fait. Dépossédés de leur métier, les agriculteurs continuent néanmoins, consentants ou résignés, à faire le pari du progrès. Alternant portraits de chefs d’exploitation et chapitres analytiques, ce documentaire éclaire d’un jour nouveau l’engrenage productiviste. Des exploitations agricoles aux réunions syndicales, des agences bancaires aux coopératives de semences, des formations techniques aux salons agricoles, La Plaine est une enquête sociale sur le consentement des travailleurs du productivisme et sur les forces sociales de l’inertie politique.
Samedi 13 avril 2019 à 20h00 – Habiter des territoires en lutte
Rencontre et conférence avec Jean-Baptiste Vidalou
Bâtisseur en pierre sèche et agrégé de philosophie, il est l’auteur de Etre Forêt. Habiter des territoires en lutte, Zones, 2017
Pourquoi résister à l’implantation d’un méga transfo? Pourquoi vouloir empêcher l’installation d’éoliennes industrielles sur le territoire qu’on habite? Pourquoi critiquer « l’économie décarbonnée »? De plus en plus de militants, de chercheurs, et tout un chacun devant l’avalanche de mesures dites « vertes », remettent en cause le grand récit de la « transition ». Il s’agira dans cet exposé-discussion de voir en quoi cette « transition » n’est que la poursuite de la colonisation du monde par l’économie, au moins depuis 300 ans.