L’hiver touche à sa fin, les agneaux pointent le bout de leur nez avec l’arrivée du printemps. Je cherche désormais à concilier la vie de bergère et celle de maman. Un équilibre difficile à l’aube de la troisième saison qui doit permettre de pérenniser l’activité.
Des brebis dans les blés
Cet hiver, vous avez peut être aperçu les brebis pâturer dans les champs, une pratique auparavant très répandue mais un peu oubliée : le déprimage des céréales. Et oui, c’est bien le blé qui sera récolté cet été par Cyril pour être transformé en pain que les brebis dévoraient à pleine bouche. Leur pâturage permet de favoriser le tallage, redonner un petit coup de boost, d’amender le sol tout en nourrissant le troupeau l’hiver.
C’est un peu stressant de voir l’état dans lequel elle laisse la parcelle mais quelques semaines plus tard, le blé a déjà rattrapé son retard. Nous avons hâte de voir la différence à la récolte !
Un essai du même type a été réalisé dans le colza cultivé par Léo pour produire de l’huile. Une façon de nourrir les animaux sans empiéter sur les cultures pour l’alimentation humaine, limiter le recours au foin (et donc à la mécanisation) .
Loup y es-tu ?
Vous en avez peut-être entendu parler… ou pas. Mais le loup revient dans nos contrées. Ah le loup ! Un sujet clivant, complexe et fascinant. Force est de constater que je suis désormais concernée et que je dois penser très sérieusement à protéger le troupeau. Depuis l’installation j’utilise des filets électriques qui me préservent, en partie. Mais comme je ne compte pas dormir près des brebis, l’idée est bientôt d’accueillir un patou. C’est un chien de protection qui vit avec le troupeau et le défend.
Alors cet hiver, je me suis formée pour l’accueil et le dressage de ces chiens qui ne s’improvisent pas.
Ouh la gadoue… la gadoue
En prévision des agnelages, les brebis ont regagné la pâture le 29 février. Si l’herbe a déjà bien poussé, les prés sont gaugés comme on dit par ici ! Je continue de penser que l’agnelage en plein air est préférable : j’ai peu de place en bâtiment, les bactéries y sont plus nombreuses et la santé des agneaux plus fragile et les brebis n’auraient pas beaucoup accès à l’herbe. Elles ne pourraient pas vraiment se dégourdir les jambes, ce qui facilite l’agnelage. Mais l’agnelage en plein air est loin d’être confortable. La météo n’est pas toujours clémente et il est plus délicat de surveiller le troupeau la nuit tombée. Sans compter, qu’il faut désormais jongler avec un bébé 😉
L’agnelage, ses hauts et ses bas
La période de l’agnelage est une période cruciale en élevage. Elle donne le ton de la saison et en dépend la quantité de lait et donc l’économie de l’activité. C’est aussi le moment le plus délicat pour la santé des brebis.
L’agnelage c’est la magie d’une vie qui née mais c’est aussi plein d’aléas: un agneau coincé, un malformé, un qui ne survit pas, un qui est abandonné, une brebis qui ne “délivre” pas… Globalement les brebis se débrouillent plutôt bien toutes seules mais l’éleveuse est là pour s’assurer que tout le monde se porte bien. Entre le liquide amniotique, le sang, les selles, la gadoue, le colostrum … la saison démarre !
Bientôt des fromages
La naissance de l’agneau marque le début de la production de lait. Le premier mois, les agneaux sont “prios”. Les brebis montent sur le quai pour que je vérifie les mamelles et je peux éventuellement tirer le surplus. D’ici une dizaine de jours, les premiers agneaux nés seront assez grands pour passer la nuit loin des mamans et donc me laisser traire les mamelles pleines de lait avant de rejoindre les mères la journée. Cette année, les yaourts feront leur arrivée, ainsi que d’autres délices lactés notamment des crèmes dessert aux plantes.
Alors à très bientôt en AMAP, à la Tourniquette, au marché ou au pré !
Coline // coline.fa@hotmail.fr // 06 81 98 37 91