Vendredi soir, il est environ 20h, une cinquantaine de bénévoles se rassemblent, c’est la dernière réunion de coordination avant le festival. L’ambiance est détendue, nous faisons le point sur ce qui reste à faire, des consignes sont données aux bénévoles et les planning sont distribués. Nous sommes quasiment prêts grâce à une belle semaine de chantier participatif où chaque jour nous étions entre 10 et 20 personnes. Heureusement, car il y avait beaucoup à faire : signalétique, chemin d’accès à terminer à travers la friche, expo photo à installer, barnums à aller chercher et à monter, tout comme tables, chaises, toilettes sèches et barrières, terrasse du café à terminer, électricité et éclairage à installer, parking à baliser, repas à préparer, … la liste est longue ! C’est dans ces moments là que l’on apprécie la force du collectif, l’enthousiasme et l’élan qui animent les projets qui ont du sens et qui rassemblent les bonnes énergies. En une semaine, le lieu s’est transformé pour accueillir dans les meilleures conditions intervenants, exposants, artistes et festivaliers. Une métamorphose.
Depuis plusieurs mois nous préparions ce festival Atout bout d’champ au sein de RISOMES, avec une belle équipe dont le fonctionnement fut à la fois efficace et convivial, des responsabilités bien partagées et une confiance réciproque. Ce fut un saut dans l’inconnu pour la plupart des organisateurs et bénévoles mais le pari fut lancé car une grande envie nous animait ; celle de créer un évènement qui puisse concilier la convivialité et l’engagement, le festif et l’éducatif, la réflexion partagée et l’action concrète.
Entre 1300 et 1500 personnes se sont retrouvées ce week-end à Mâlain pour un festival autour des alternatives agricoles, alimentaires et écologiques, voilà déjà une belle satisfaction ! Car la raison d’être de ce festival fut bien de faire avancer une idée, celle qu’il est possible de changer ensemble notre modèle de société et en particulier notre rapport à l’alimentation et à l’agriculture, pour plus d’équité sociale et de soutenabilité écologique. Organisé sur un lieu d’initiatives agri-culturelles, Atout bout d’champ a permis de réfléchir à ces alternatives mais aussi de les déguster. Au moment où Marc Dufumier intervenait sur l’avenir de l’agro-écologie paysanne, une trentaine de personnes visitaient le jardin permacole de la Milpa. Au moment où Christian Jacquiau intervenait pour démonter le système intrinsèquement inéquitable de la grande distribution, une vingtaine de personnes visitaient la brasserie artisanale de la Roche Aigüe. Réfléchir et agir, observer et partager, ré-associer expérimentation collective et lutte politique, voilà le chemin que nous avons voulu emprunter avec ce festival.
Prenons le risque de dire que le bilan de cette première édition fut très positif : les conférenciers ont été excellents et les débats qui ont suivi passionnants ; à titre d’exemple, plus de 200 personnes ont assisté à la conférence « Pourquoi et comment sortir des supermarchés ? » de Christian Jacquiau ! Les visites des activités du lieu (fournil, brasserie, jardin permacole, poulailler, rucher) ont été très suivies ; plus 500 personnes ont visité au moins une des activités durant le week-end. Le forum de l’installation paysanne du dimanche après-midi a réuni une quarantaine de personnes – dont beaucoup de porteur de projets agricoles – et il se pourrait bien qu’il y ait des suites à cette rencontre, avec notamment l’idée de lancer un café paysan itinérant. Les stands associatifs et les librairies ont été bien fréquentés, permettant ainsi aux visiteurs de découvrir et de s’informer sur les différents acteurs qui oeuvrent localement pour changer notre regard sur l’agriculture et l’alimentation. Buvettes et restauration 100% bio, de la musique pour tous les goûts et tous les âges avec une excellente programmation musicale, des jeux en bois pour les enfants et les grands enfants, autant d’ingrédients qui ont contribué à la bonne ambiance générale du festival. Une satisfaction aussi sur la gestion des déchets puisque nous comptons seulement 7 sacs poubelles pleins pour l’ensemble du festival ! Cela fut notamment possible grâce aux verres ré-utilisables mais surtout à la plonge autogérée.
Bref, ce fut une belle première édition où nous espérons avoir semé quelques graines pour faire grandir l’idée que le changement agricole passera par un changement culturel : changer notre rapport à la terre, à l’argent, à la propriété, se ré-approprier des mots, inventer de nouvelles façons de coopérer, dépasser les corporatismes, assumer les ruptures lorsqu’elles sont nécessaires, rester ouvert et accueillant.
Merci aux plus de 70 bénévoles qui ont permis la réalisation de tout cela dans une ambiance sereine et joyeuse ; merci aux partenaires pour leur soutien logistique (mairie de Mâlain et de Sombernon, communauté de communes Ouche et Montagne, comité des fêtes de Ancey, Rezo Fet’Art, Association des Sorcières de Mâlain, association Pirouettes Cacahouètes) ; merci aux différentes personnes qui ont donné des coups de main ponctuels mais précieux ; merci aux exposants, intervenants et artistes ; merci à la météo ; et enfin merci à la personne qui a tagué « secte » sur l’une de nos affiches, cela nous rassure de constater que nous ne baignons pas dans un consensus sans saveur. Nous savons que la route est longue mais le champ est libre !