« Il pleut, il pleut bergère, rentre tes blancs moutons…. »

Et ben non ! Les brebis étaient plutôt grises poussière et les près secs secs secs… C’est ainsi, c’est pire ailleurs et il va falloir s’adapter à ces variations extrêmes : pas de fatalisme, l’agriculture paysanne est une façon de lutter mais avouons que ce ne sont pas moi et mes 30 brebis qui bouleverseront la tendance.

Alors en attendant, je cherche des solutions … pour qu’elles mangent, pour que nous mangions, pour que vous mangiez.

Quelques brins pour subsister

Au 15 juillet, les pâtures font grise mine et le soleil cogne… Les prés qui ont été fauchés n’ont quasiment pas repoussés, l’herbe qui restait avait séché et les brebis venaient de finir leur parcelle fétiche, arborée. Bref, les prairies « naturelles » ou « permanentes » ne pouvaient plus nourrir le troupeau.

Il restait les prairies « temporaires », celles qui sont semées en rotation avec des céréales, pour le pain notamment. Au Rondot, situé en face du QG des brebis, Cyril avait semé un mélange de luzerne et de graminées. La luzerne étant en fleur, le risque pour les brebis était limité (elles peuvent en mourir si la plante est pâturée trop jeune).

Alors j’ose : chaque soir après la traite, elles traversent la route, sautent le fossé et filent passer la nuit dans un petit parc. Pas besoin de leur montrer deux fois le chemin : elles se délectent de cette herbe encore verte et riche. Parce il n’y a que peu d’arbres dans ces parcelles cultivées : elles restent à l’ombre la journée et y mangent uniquement la nuit.

1,5 ha qui nous ont sauvé pendant 15 jours.

                   

Du blé au lait

La complémentarité entre les activités ne s’arrêtent pas là. Cet été, les brebis ont dévoré les déchets de tri des céréales : après la moisson et avant la mouture, Cyril trie le grain afin qu’il soit le plus propre possible. Toutes les autres graines finiront dans l’auge des brebis !

L’échange paille-fumier est aussi un grand atout. Après la moisson, je file presser la paille sur laquelle dormiront les brebis cet hiver. En échange, le fumier qui sera évacué au printemps retournera dans le sol pour les cultures.

Il pleut il mouille !

La luzerne finie, les brebis raclent leur grand pré : je les laisse dans 5 hectares, en quasi liberté pour qu’elles mangent les derniers brins verts.

Mais il faut se résoudre : une fois le liseron du rumex mangé, les arbustes taillés, les ronces effeuillées et les prunes dévorées… c’est un peu la savane. Alors je leur apporte du foin : des bottes de trèfle/ray-grass fauché cette année, un grand parc, une tonne à eau.

En réalité le travail quotidien est plus léger : pas de filet à poser, de bidons d’eau à trimballer, pas de batterie à porter, ni de coteaux à grimper.

Et pourtant… j’ai tellement hâte que ça recommence ! Ouf, 50 mm sont tombés en quelques jours. Les prés verdissent, dans une semaine le pâturage reprendra, pour notre plus grand bonheur à toutes !

Goutte à goutte

Cette sécheresse n’est pas sans conséquence sur la lactation des brebis, le foin ne suffit pas à compléter la ration, d’autant qu’elles le mangent moins bien au pré. La quantité de lait baisse mais il est plus gras, plus épais. L’objectif est qu’elles ne se tarissent pas pour maintenir la lactation jusqu’en octobre. Je croise les doigts et envisage d’avancer les mises bas et la lactation à l’avenir pour éviter cette angoisse…

Contact : Coline – 06 81 98 37 91 – coline.fa@hotmail.fr