Ce n’est pas le tout de faire du pain, mais avant il faut bien cultiver!!

Surtout si on veut être paysan-boulanger…

Alors c’est ce que je me suis attaché à faire. Il a déjà fallu trouver du terrain. Vaste question qu’est celle de la quête du foncier. Une structure comme la mienne pourrait s’établir, de manière viable, sur une trentaine d’hectare. Un vrai parcours du combattant quand on est « hors cadre familial » comme moi. En effet, ni papa ni maman ne sont cultos! Ça a sauté une génération. Bref, la quête du foncier fera peut-être l’objet d’un prochain article.

J’ai donc eu la chance que les relations de terrains jouent en ma faveur. Et merci le collectif! Oui, car grâce à Claire & François, j’ai pu m’établir sur une partie de leur parcellaire, sur une surface gigantesque de 1 ha. Je bats les records de tous les céréaliers du monde. Mutation de terre et compagnie auprès de la MSA et voilà que ce carré de friche, avec vue sur le château est emblavé depuis le 20 Octobre.

Voici le parcours cultural de la parcelle:

18 septembre 2015 : Broyage
Il s’agit de la première opération à effectuer lorsqu’on récupère une parcelle en friche. Typiquement, dans le cadre d’une rotation opérationnelle, la précédente prairie est soit fauchée pour en faire des balles de foin, soit broyée pour restituer au sol, si on estime que le sol en a besoin. Dans mon cas, il y avait beaucoup de ronce et un peu de chardons, donc broyage.

28 septembre 2015 : 1er retournement
Ce n’est généralement pas la période idéale pour cette opération. Habituellement, on attaque en deuxième moitié du mois d’août pour retourner une prairie. Heureusement que l’été s’est prolongé, aidant un peu malgré tout à assécher toute cette végétation. Les premiers retournements sont fait avec des outils « pattes d’oie »… eh oh doucement, le Supertigre ne fait pas non plus 140 chvx. Effectivement, il y a beaucoup de racines, il va falloir user du « canadien » pour trancher/retourner cette belle moquette.

2, 9 et 14 octobre: retournements successifs
Le travail est encore long avant de ne pouvoir semer…C’est qu’il y a un sacré mulch à dégrader…En même temps, j’ai un SuperTigre500, donc j’en passe des heures sur le tape cul à faire du rodéo! Mais attention, je ménage ma monture, qui n’est pas la mienne d’ailleurs, encore merci François pour le prêt de l’engin ! Les passages se succèdent et ne se ressemble pas : un coup dans un sens, un coup dans l’autre, puis en diagonale. Enfin il ne faut pas tarder quand même. Les nuits se rafraichissent, la rosée reste de plus en plus longtemps le matin, et la vie microbienne s’endort gentiment et se prépare pour passer l’hiver. Malgré le raout du SuperTigre, cela ne suffit pas à maintenir les petites bébêtes suffisamment éveillés pour bien dégrader toutes cette matière organique encore verte. Bon je le sais, je travaille dans des configurations un peu extrêmes. M’enfin on y arrive!

20 octobre: jour de semis!

Il a fallu, outre préparer un sol convenable à recevoir la semence, trouver un jour favorable. Je parle bien sûr du calendrier lunaire. La biodynamie est encore une pratique très inspirante qui d’ailleurs ne saurait se résumer uniquement à respecter un calendrier complexe.

Lune montante, descendante, croissante, décroissante, marée montante, descendante, nœuds lunaires…Bon il fallait trouver un compromis entre tout ça. C’est parti pour mardi 20 octobre à partir de 9h.

D’abord, il me semblait important de pratiquer le geste auguste du semeur. J’avais donc préparer une parcelle, en bord de mon hectare, prête à être foulée et à recevoir une volée de grains. Une bande d’une largeur de 6 m, dont la moitié sera roulée avec une lourde machine et l’autre laissée tel qu’elle, en mode Fukuoka Style. Quel plaisir de faire ça…en conscience, au calme sous le soleil automnale 😉

Et puis l’heure est venue de faire entrer dans le ring la grosse machine avec à son cul un semoir démoniaque 🙂 Merci au père du collègue éleveur. Grâce à sa conduite exemplaire (en ce qui concerne le champ), et la précision de son outil, il a pu me semer autour de 150 kg de grains d’un mélange de blés meuniers sur un hectare. Il fait bon, la journée est finie, et le grain est dans sa nouvelle maison! Les rendez-vous sont pris tout au long de l’année pour aller y faire des visites de courtoisie.

Bon je dois bien l’avouer, les semailles ont été faites il y a quelques temps maintenant. Et voici quelques clichés des petites merveilles…